Le 8 mars, nous célébrons non seulement les femmes, mais aussi leurs rêves d’une vie libre et leurs luttes
Alors que ce premier quart du XXIe siècle touche à sa fin, nous voyons clairement comment les femmes ont pris la tête des mouvements de libération sociale sur tous les continents. Nous tenons à saluer chaque femme du monde et à nous souvenir de toutes celles dont les efforts, la résistance et les sacrifices ont permis la libération des femmes jusqu’à ce jour. Les mouvements de femmes et la libération des femmes reposent sur nos amies les plus courageuses qui ont risqué leur vie pour croire et lutter pour une alternative, pour une vie libre.
Il n’est pas étonnant que le système tente de se maintenir en étouffant de la manière la plus brutale les voix qui montrent courageusement la voie de la libération. Les attaques contre les femmes et la société forment un système de violence interconnecté : féminicides, emprisonnement et condamnations à mort de femmes militantes, attaques contre les droits des femmes, objectification et sexualisation des femmes, guerres idéologiques qui présentent les femmes comme inférieures et dépendantes des hommes, déni de l’identité des femmes, viol comme arme de guerre, exploitation économique… La violence contre les femmes fait partie du système oppressif dans lequel nous vivons. La modernité capitaliste s’est développée sur une mentalité patriarcale millénaire basée sur l’esclavage des femmes, attaquant la capacité morale et politique de la société, normalisant le militarisme, l’exploitation des êtres humains et de la nature. Elle divise la société, coupant les femmes de la société sans limite afin d’obtenir du profit et du pouvoir. Nous assistons aujourd’hui aux conséquences désastreuses de ce système alors que la modernité capitaliste est confrontée à une crise profonde. Face à cette situation, les luttes menées par les femmes partout dans le monde nous prouvent que l’alternative à la modernité capitaliste a toujours existé et que les valeurs socialistes et démocratiques sont toujours vivantes.
Au Moyen-Orient, au Kurdistan, la philosophie de Jin Jiyan Azadî, qui lie la libération de la société à la libération des femmes, guide la révolution du Rojava et son projet politique. Aujourd’hui, ce système unique, dans lequel l’organisation autonome des femmes est centrale, est menacé par le régime de HTS ; cependant, le mouvement des femmes du nord et de l’est de la Syrie continue d’offrir des solutions pour l’ensemble du pays et rassemble autour de lui les différents peuples de Syrie. Mais ce n’est pas seulement en Syrie que l’on assiste à un soulèvement de différentes personnes, de la jeunesse, de différentes femmes de différentes sociétés. Le mouvement là-bas donne de l’espoir aux femmes du monde entier, tout en appelant en même temps à un soutien mondial.
La philosophie de Jin Jiyan Azadî a également inspiré les soulèvements en Iran après le meurtre de Jîna Mahsa Amini. En 2024, deux ans après le début du soulèvement, la République islamique a enregistré le plus grand nombre annuel d’exécutions de femmes au cours des 17 dernières années, avec 31 femmes exécutées dans les prisons iraniennes . Malgré cela, des femmes comme Pakhshan Azizi, qui risque actuellement la peine de mort, nous montrent que la résistance continue même dans des conditions aussi effroyables. Mais sa position montre aussi la résistance de bien d’autres femmes dans les prisons iraniennes comme Sharifeh Mohammadi et Warisha Moradi. Des campagnes internationales sont en cours pour mettre fin aux exécutions en Iran.
En Afghanistan, les femmes résistent courageusement au régime taliban alors que leurs visages et leurs voix sont bannis de la vie publique. Les poèmes et les actions courageuses des femmes afghanes ont fait le tour du monde, faisant entendre leur voix et échappant à l’emprise des talibans.
En Amérique du Sud, les défenseurs les plus courageux de la terre et de la nature contre les forces capitalistes exploiteuses et destructrices sont les peuples indigènes et les femmes activistes. Berta Cáceres représente toutes celles ui ont été brutalement assassinées pour avoir lutté contre la destruction de notre environnement naturel.
En Afrique, nous voyons les efforts des femmes de différents peuples, comme les Oromo, en Éthiopie, les Berbères ou en Afrique du Sud, qui résistent à la fois au colonialisme et au patriarcat. La lutte contre une vie dominée par les hommes lie leurs luttes à celles pour une vie libre à travers les continents et les océans.
L’année dernière, des manifestations de masse et des grèves ont eu lieu en Inde à la suite du viol et du meurtre brutal d’une jeune médecin. Une fois de plus, le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » est devenu l’expression de ce soulèvement contre la violence patriarcale parmi les manifestant·es. En Europe également, nous voyons des femmes s’organiser contre le système capitaliste et patriarcal qui tue des femmes mentalement et physiquement chaque jour. Nous pouvons trouver d’innombrables autres exemples de résistance dans le monde entier, comme en Asie, en Amérique du Nord, luttant contre une société sexiste et raciste, tous ces exemples brillant comme des lumières dans l’obscurité.
Et si nous regardons l’histoire, nous trouvons des milliers d’autres exemples. Le 8 mars a toujours été un symbole de la résistance des femmes qui luttent pour leurs droits qui ne peuvent être obtenus que par l’effort, le travail et la lutte. La première célébration d’une telle journée remonte à 1909 à New York, lorsque le Parti socialiste d’Amérique a organisé une Journée des femmes en soutien aux ouvrières du vêtement en grève pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. En 1910, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, la féministe allemande Clara Zetkin a proposé l’idée d’une Journée annuelle des femmes. L’importance du 8 mars a été cimentée en 1917 lorsque des femmes en Russie ont manifesté pour « le pain et la paix » au milieu de la Première Guerre mondiale. Leur grève a déclenché une révolution qui a conduit à l’abdication du tsar et a accordé le droit de vote aux femmes en Russie. Le 8 mars représente donc la manière dont les femmes se sont battues pour leurs droits et ont apporté des améliorations pour la classe ouvrière et pour l’ensemble de la société.
Comme le disait Abdullah Öcalan : « Sans la libération des femmes, nous ne pourrons pas parvenir à la démocratie et à la liberté ». C’est précisément à cette période historique qu’Abdullah Öcalan a lancé un appel à « la paix et à une société démocratique », insistant sur le rôle d’avant-garde des femmes dans le changement social et la résistance contre un système patriarcal. Aujourd’hui, plus que jamais, il est important de lutter également pour sa liberté physique !
Nous sommes bien conscientes que les femmes sont au centre de ces attaques car elles détiennent la solution aux problèmes sociaux auxquels l’humanité est confrontée. Tout au long de l’histoire, les femmes ont joué un rôle central dans la cohésion de la société, l’organisation de la vie et le maintien d’une relation équilibrée avec la nature. Aujourd’hui, les attaques patriarcales visent cette force sociale qui lutte pour défendre la vie. L’organisation et la résistance collectives sont nécessaires pour repousser les attaques du système et construire une vie libre.
Nous saluons le courage et la force des femmes qui luttent partout dans le monde. Avec la certitude que le XXIe siècle sera le siècle de la révolution des femmes, nous célébrerons ce 8 mars comme journée de la résistance !